«J’ai beaucoup culpabilisé» : Claire, la fondatrice de Papier Curieux, raconte sa prééclampsie

Pourquoi je vous en parle ici : Quand on m’a proposé de raconter l’histoire de Claire, la fondatrice de Papier Curieux, je n’ai pas longtemps hésité. Comme 15.000 femmes par an, cette dernière a vécu une prééclampsie lors de sa première grossesse. Une complication sérieuse et soudaine qui peut entraîner de graves complications pour la maman et son bébé. N’importe quelle femme peut-être touchée et le seul moyen de la soigner est d’arrêter la grossesse en provoquant l’accouchement. Heureusement, Claire a été prise en charge et à temps, mais la situation a été douloureuse, à la fois sur le plan physique et émotionnel. C’est pour informer et prévenir qu’elle a accepté de me raconter ce qu’elle a vécu. Récit.

Claire est la maman de deux petites filles, de 5 ans et 2 ans. Elle est aussi la fondatrice de Papier curieux, qui fabrique de jolies affiches personnalisées et des abécédaires pour les enfants de 0 à 10 ans. Son objectif : leur faire découvrir le monde à travers son univers ludique. Mais aujourd’hui, Claire veut surtout témoigner de son expérience pour que celle-ci aide d’autres femmes. Car elle a vécu une prééclampsie sévère lors de sa première grossesse et veut sensibiliser sur ce sujet dont on parle trop peu.

A 33 semaines, alors que sa grossesse se déroule bien, Claire est en congé maternité depuis quelques jours et savoure cette période de repos et de préparation du futur nid de son bébé. Jusqu’à ce jour où elle ressent tout d’un coup des troubles de la vision et un fort mal de tête. Elle décide alors par précaution de se rendre à l’hôpital, pensant à une simple visite de contrôle. Sauf qu’elle n’en ressortira pas. «Les médecins ont vu que j’étais en train de faire une prééclampsie et ils n’ont pas voulu que je reparte. Ils ne prennent aucun risque dans ces cas-là», m’explique Claire, qui se retrouve donc alitée à la maternité pour poursuivre sa grossesse sous surveillance.

«L’urgence était surtout pour moi, ma fille allait très bien»

«C’était dur car mon conjoint ne pouvait pas rester avec moi le soir, mais heureusement j’avais une équipe de sages femmes formidables», se souvient-elle. Alors qu’il est prévu qu’elle aille jusqu’à 37 semaines de grossesse avec des monitorings quotidiens, avant un déclenchement, Claire est prise de nouveaux maux de tête 4 jours plus tard. La sage-femme l’envoie immédiatement aux urgences où son état s’empire rapidement. Elle est en réalité en train de faire une barre épigastrique, avec des douleurs très fortes au niveau de l’abdomen, ce qui annonce la survenue cette fois non plus d’une prééclampsie, mais d’une éclampsie. A 34 semaines et deux jours d’aménorrhée, la voilà donc qui se retrouve à affronter une césarienne d’urgence. «L’urgence était surtout pour moi car ma fille allait très bien. Mais sur le moment, psychologiquement ça allait. J’avais tellement mal à la tête que j’avais surtout hâte que ça aille mieux», se rappelle Claire, qui avait eu le temps de prévenir son compagnon.

Tout s’enchaîne ensuite très vite. Lou naît vers 9h30, elle la voit quelques secondes avant que celle-ci parte en néonatalogie avec son papa. Claire est placée en salle de réveil, mais son état ne va aller qu’en s’empirant au fil de la journée avec l’apparition d’œdèmes et la présence de protéines dans ses urines. Ce n’est vraiment que le lendemain que la jeune maman parvient à se lever pour aller voir son bébé en couveuse, et même la prendre dans ses bras. «A ce moment-là, j’ai commencé à ressentir beaucoup de culpabilité d’avoir vécu ça et que ma fille ait dû être placée en couveuse. Les sages-femmes m’ont aidée mais c’était difficile. Elle faisait 1,6 kg à sa naissance», indique Claire. Heureusement, l’état de Lou s’améliore vite et celle-ci peut quitter le service de néonatalogie au bout d’une semaine, puis la maternité au bout de 3 semaines et demi avant une hospitalisation à domicile pendant encore 3 semaines.

«Mon conjoint a vraiment eu peur de me perdre»

Claire a en revanche plus de mal à se remettre de sa prééclampsie sévère. Sa tension mettra deux mois à véritablement baisser, tout comme les protéines présentes dans ses urines. «Physiquement, c’était très dur. J’étais très fatiguée», reconnaît-elle. Elle n’a jamais su l’origine de cette prééclampsie, malgré toute une batterie de tests plusieurs mois après son accouchement. Elle a fait partie des 15.000 femmes par an qui sont touchées par cette maladie, sans forcément en connaître les causes. Selon le site Grossesse santé, la prééclampsie est toutefois «liée à l’hypertension artérielle, pouvant survenir dans la deuxième moitié de la grossesse et jusqu’à 6 semaines après l’accouchement, et à un mauvais développement du placenta qui libère dans la circulation maternelle des substances toxiques responsables d’une hypertension et d’une atteinte rénale.»

Malgré le choc, Claire sent naître le désir d’un deuxième enfant au bout de deux ans. «Pour mon conjoint, cela a été un peu plus long. Il a vraiment eu peur de me perdre», souligne-t-elle. Elle sait que cette nouvelle grossesse sera surveillée puisque le risque de récidive est de 20%. «Je pouvais juste prendre tous les jours un médicament à dose infantile pour fluidifier le sang et faire tomber le risque entre 2 et 5% comme pour une première grossesse, mais le risque est toujours là». Dès le 5e mois, Claire doit faire un contrôle et un monitoring par semaine avec une sage-femme, et à partir du 7e mois, une échographie par mois. Elle sera finalement déclenchée à 39 semaines de grossesse pour éviter tout risque. «Et finalement, tout s’est bien passé, ma seconde fille, Thaïs, est née par voie basse, j’ai pu l’avoir sur moi tout de suite, j’ai adoré», raconte avec joie Claire.

Aujourd’hui, cette dernière ne garde pas de séquelles de sa prééclampsie, mais elle doit quand même contrôler ses urines et son niveau de protéines une fois par an, étant plus à risque de faire un AVC. En parallèle de cette expérience douloureuse et de ses maternités, Claire, qui est graphiste depuis 12 ans, a concrétisé son rêve de se lancer dans des illustrations pour enfants, inspirées de son tour du monde avec son conjoint il y a dix ans. Poussée par la curiosité de leur fille pour leurs photos de voyage et le Covid, Claire s’est essayée à créer quelques affiches pendant le premier confinement. Et de fil en aiguille, elle a lancé son site Papier curieux en juin 2020. La magie du bouche à oreille a fonctionné et son carnet de commandes a rapidement décollé. Avec toujours en toile de fond son envie, au-delà de la décoration, de faire découvrir le monde à nos petits.

Retrouvez le site de Papier curieux ici.

Pour s’informer sur la prééclampsie, vous pouvez aller sur le site Grossesse santé.

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