Pourquoi je vous en parle ici : Quand on devient mère, on se découvre une nouvelle identité, qui peut être bouleversante et prendre parfois beaucoup de place. Tout à notre bébé, on peut s’oublier et mettre de côté celle qu’on était avant… Quelquefois, on arrive seule à retrouver l’équilibre entre son ancienne moi et la nouvelle, mais cela peut aussi être plus compliqué. Ma démarche ici est de mettre des mots sur ces émotions, dire que oui quand on devient mère, on peut s’oublier et que oui, c’est embêtant car on a toujours besoin de son soi originel. Comme on l’entend souvent : « Si je vais bien, mes enfants iront bien aussi ». Et dans cette idée, je voulais vous donner des pistes et des conseils pour parvenir à ne pas complètement se mettre de côté. Lucille Wattraint accompagne au quotidien des mères et des parents sur ces questions-là. Pour Parlons maman, elle donne des pistes et des conseils à mettre en place au quotidien.
La naissance ouvre souvent une période d’immenses bouleversements chez la femme, à la fois physiques et émotionnels. Comment s’y préparer ?
Lucile WATTRAINT – Je vais prendre une image simple : lorsqu’on est enceinte, on devient comme une cocotte-minute. Notre couvercle s’ouvre avec à l’intérieur nos émotions, notre histoire, nos souvenirs. L’idée ce n’est pas de vite le refermer mais au contraire de réussir à accueillir ces émotions, les écouter voire de se faire accompagner si besoin. Si on est consciente de cela, ce sera plus facile de les accueillir. Ensuite, il faut se préparer à l’après naissance, parler en couple de ce que cela va changer au quotidien, du nouveau rythme qui arrive, mais aussi de sa vision de l’éducation, etc. C’est important pour avoir confiance l’un en l’autre et être vraiment raccord dès le départ.
Pourquoi est-ce si important pour la mère de se préserver et de ne pas se faire systématiquement passer au second plan aussi après la naissance de son enfant ?
Les femmes sont souvent dans le sacrifice d’elle-même le plus total, mais ce n’est pas forcément bénéfique. On a tous un système d’attachement qui vient s’activer en fonction de ce que l’on vit dans notre quotidien, que l’on ait 2 mois ou 99 ans. Il peut par exemple se mettre en marche si cela ne va pas bien avec son mari, dans son travail ou dans la gestion de la vie quotidienne. Dans ce cas-là, le système d’attachement (à gauche sur le schéma ci-dessous) s’active au détriment de l’autre partie (à droite sur le schéma) que l’on appelle le « care giving » (c’est le fait de prendre soin de l’autre). Cela signifie qu’on n’est plus à notre plein potentiel psychiquement et qu’on va avoir plus de mal à gérer les problèmes du quotidien et à s’occuper de nos enfants par exemple.

Si on est confronté à cela, on peut alors simplement leur expliquer ce qu’il nous arrive (problèmes avec mon patron, je suis triste pour ceci ou cela). L’objectif c’est qu’ils comprennent qu’ils ne sont pas la cause de nos préoccupations. Et surtout, il faudrait à ce moment-là prendre un petit moment pour soi. Parfois, une pause de quelques minutes suffit pour rebooster son « care giving ».
« Prenez ce temps pour vous, vous en avez besoin »
Que peut-on faire pour éviter d’en arriver là ?
Il faut s’interroger sur son curseur et ses besoins. Jusqu’où je peux aller avant d’avoir besoin d’un moment à moi pour ne pas craquer. Par exemple, on se pose et on se demande quel moment on a pris pour soi dans la semaine ? Est-ce que j’ai besoin d’une demi-heure pour lire ? Est-ce que j’ai besoin d’aller me balader ? Est-ce qu’une sortie entre copines me ferait du bien ? On en discute en couple, pour que chacun comprenne le point de vue de l’autre, et on trouve le juste milieu. Ensuite, on s’organise pour caler un moment dans l’agenda. Et si votre bébé pleure au moment où vous partez en balade ou voir une amie, dites-vous qu’il a le droit de ne pas être content et que tout va bien se passer avec le papa. Prenez ce temps pour vous, vous en avez besoin.
Dans cette période-là, on se découvre aussi en tant que mère, c’est une nouvelle identité qui peut prendre beaucoup de place. Comment ne pas s’oublier en tant que femme ?
Avec la grossesse et l’accouchement, notre cerveau se trouve naturellement modifié pour répondre aux besoins de l’enfant. Par exemple, lorsqu’on allaite, on produit de la prolactine qui vient à l’encontre de l’hormone de la libido donc notre appétit sexuel se retrouve forcément modifié. En fait, il faut prendre le temps de se redécouvrir et en discuter en couple, passer du temps à deux pour ne pas s’éloigner. Une idée : on bloque une journée par trimestre dans son agenda pour être ensemble et on se prévoit un programme en amoureux (cinéma, spa, restaurant, journée cocooning à la maison…).
Comment trouver son équilibre entre toutes ces casquettes : mère, épouse, femme – parfois active pour celles qui travaillent ?
C’est un équilibre difficile à trouver et la première chose est de relâcher la pression sur les injonctions de la société. Ce n’est pas grave si sa maison n’est pas parfaitement rangée ou si le repas du jour n’est pas fait maison. Et quand la charge devient trop lourde, il faut lister tout ce qu’on fait et déléguer à son partenaire plus des tâches, lui aussi doit prendre sa part !
Retrouvez-moi sur mon compte Instagram @Parlonsmaman et Facebook