Pourquoi je vous en parle ici : Qui n’aime pas les récits d’accouchements ? Je trouve ça toujours formidable d’entendre comment un bébé est venu au monde, l’attente, l’émotion, la douleur, la crainte parfois, les pleurs, et puis au bout, la joie de rencontrer son enfant, de le découvrir, de le chérir. Aujourd’hui, en France, les accouchements sont la plupart du temps extrêmement médicalisés et se passent en grande partie à l’hôpital. Mais parfois bébé est pressé d’arriver et ne laisse pas le temps à ses parents de parvenir à la maternité. C’est ce qui est arrivé à Anaïs pour la naissance de sa 3e fille. Je vous laisse découvrir son histoire.
Anaïs a toujours rêvé d’être maman. Elle qui a deux sœurs, dont une jumelle, se projetait dans ce rôle depuis longtemps. Si bien qu’à 38 ans, la voilà mère de 4 filles. Elle me promet qu’elle compte bien s’arrêter là, que sa tribu est complète et son train de vie très rythmée. Je veux bien la croire et quand je vois son énergie, je comprends qu’Anaïs n’aime pas faire les choses à moitié : avec son mari Antoine, ils ont eu leurs trois premières filles – Lola, Zoé et Ninon – en trois ans et demi seulement. Si les deux ans d’écart entre Lola et Zoé étaient voulus, la troisième, elle, est venue se nicher au creux du ventre de sa maman un peu par surprise alors que sa grande sœur venait tout juste de fêter ses six mois. Et elle a su démontrer par la suite, qu’effectivement, elle était pressée d’arriver !
Comme les fois précédentes, la grossesse d’Anaïs se passe bien, à la différence près qu’avec deux enfants en bas âge, dont une qui ne marche pas, elle ne s’est pas beaucoup ménagée pendant 9 mois. Peu importe, elle garde son rythme jusqu’à la toute fin et ne commence à ressentir des premières contractions que 18 jours avant le terme. Très détendue – elle avait été déclenchée à chaque fois pour ses aînées –, elle se rend à la maternité sans sa valise, persuadée qu’elle va repartir aussi vite. Elle y restera finalement toute la nuit, mais son col étant fermé, elle rentre chez elle au petit matin. S’ensuit alors une journée marathon avec ses filles où elle ressent des douleurs, mais n’y prête pas attention. « J’avais quand même avancé un rendez-vous chez l’esthéticienne au cas où car j’aime être nickel pour mes accouchements », sourit Anaïs.
« Je sentais que ça poussait fort, j’ai compris que je n’avais plus le temps »
C’est en début de soirée que les contractions commencent vraiment à s’accélérer. Alors que son mari doit dîner avec des amis, elle lui demande de ne pas aller trop loin si jamais le bébé devait arriver. Les filles couchées, elle file dans un bain chaud pour se détendre… Mais les contractions redoublent et elle appelle alors son compagnon pour qu’il revienne. « Il est rentrée en 10 minutes, on a appelé mon beau-père pour qu’il vienne garder les filles. Antoine allait partir chercher la voiture, mais je ne voulais pas être assise seule à l’arrière. Je lui ai dit de commander un Uber, je sentais que ça allait aller vite… », se souvient Anaïs. Finalement, cette dernière comprend qu’elle n’aura pas le temps d’aller à l’hôpital et qu’il faut appeler les pompiers. « Je sentais que ça poussait fort, j’ai compris que je n’avais plus le temps. J’ai perdu les eaux au moment où mon beau-père arrivait et que je baissais mon legging pour qu’Antoine regarde… A ce moment-là, il a vu la tête de notre fille ».
Au téléphone, les pompiers comprennent vite la situation. Un médecin reste en ligne le temps qu’une équipe gagne leur appartement de Boulogne. Antoine et son père s’équipent en urgence de serviettes et d’eau chaude. « A ce moment-là, la douleur était insoutenable. J’ai pensé à nos grands-mères et à toutes les femmes dans le monde qui accouchent encore comme ça, à leur domicile et sans péridurale », explique la trentenaire, qui parvient malgré tout à garder son sang-froid. Heureusement les pompiers arrivent, l’allongent sur le canapé et accueillent Ninon trois minutes plus tard. « Sur les 5 secouristes, un seul avait déjà fait un accouchement à domicile », se rappelle la maman de Ninon. « Mais ils ont été très pro, l’ont mise dans une sorte de sac plastique pour la couvrir, ont clampé le cordon ombilical et me l’ont confié pour la mise au sein ».
« Je n’avais qu’une trouille c’était de réveiller Lola et Zoé »
Ninon tête, tout va bien. Antoine et Anaïs, eux, sont soulagés de voir leur troisième enfant en bonne santé, mais sont sous le choc de cet accouchement sur leur canapé. « Je n’avais pas poussé un cri, je n’avais qu’une trouille c’était de réveiller Lola et Zoé et qu’elles nous voient comme ça dans le salon ! », raconte la jeune maman, qui s’est depuis débarrassée de son canapé. « J’ai été complètement bluffée par cet accouchement. Je pense que chaque femme a un instinct animal de survie et sait comment accoucher ».
Ce moment de survie passé, Anaïs encaisse. Elle se met à trembler de toutes ses forces. Le Samu est arrivé pour les premiers soins. « Pendant un moment, ils ont essayé de m’enlever le placenta, sans y parvenir. Comme il y avait un risque d’hémorragie, ils ont décidé de m’emmener dans l’hôpital le plus proche qui était celui de Saint-Cloud. Je ne suis jamais retournée dans ma maternité ». Une fois prise en charge à l’hôpital, tout rentre dans l’ordre : toutes les deux vont bien et sortiront à J+3. « La force du corps est incroyable, j’ai été debout très rapidement après, beaucoup plus que les deux premières fois car je n’avais pas mal », se rappelle Anaïs, avant de se souvenir, amusée, de son passage dans La Maison des Maternelles, dont une équipe, hasard du calendrier, passait par là pendant son séjour. Un souvenir qu’elle conserve précieusement pour Ninon, sa seule enfant née à Boulogne !
Depuis, Anaïs et Antoine ont accueilli leur 4e fille, Iris en décembre 2020. Forte de son expérience d’accouchement naturel, Anaïs avait décidé d’accoucher sans péridurale. Quand ses premières contractions ont commencé le 7 décembre, elle a décidé cette fois de ne pas traîner avant d’aller à la maternité. Mais on sait qu’aucun accouchement ne se ressemble… Et cette fois-ci, sa 4e fille n’était pas pressée ! Arrivée pendant la nuit à l’hôpital et trouvant le temps long, Anaïs est allée marcher en début de matinée pour faire avancer le travail… jusqu’à l’école de ses filles pour leur faire un bisou avant l’école, puis elle a pris un petit déjeuner avant de promener son chien ! A son retour 1h30 plus tard, rien n’avait bougé. Finalement, le corps médical s’est rendu compte que son bébé avait la tête mal orientée et « regardait vers les étoiles ». « Je ne voulais absolument pas de péri, tout se faisait au mental, si bien que quand ils ont procédé à la main à une inversion de sa tête pour lui permettre de descendre, j’ai ressenti une douleur atroce, bien pire que pour Ninon », grimace Anaïs. Mais en trois poussées, Iris est là et très vite, comme quelques années auparavant, la jeune maman était débout et en forme, ne regrettant absolument pas son choix d’accoucher naturellement. Avec blotti contre elle sa 4e fille venue compléter sa belle tribu.
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