Post-partum : « Il faut se donner le temps de devenir mère et être tolérante avec soi-même »

Pourquoi je vous en parle ici : Je vous partage une nouvelle découverte littéraire : celle de La Remplaçante*, une BD écrite par Sophie Adriansen et illustrée par Mathou, sur le post-partum. Je ne pensais pas refaire si vite un sujet sur cette période post-accouchement mais la sincérité et la justesse de cette ouvrage, sorti hier, m’en ont convaincue. A travers le personnage très attachant de Marketa, on découvre que l’accouchement ne se passe pas toujours comme on l’avait rêvé et que les premiers jours de vie de son enfant peuvent être très difficiles et déstabilisants. Instinct maternel, responsabilité, regard des autres, premiers moments avec son bébé, dépression… Ce livre passe en revue une multitude de sentiments que chaque maman peut ressentir à la naissance de son enfant. Sophie Adriansen m’en dit plus pour Parlons maman, avec comme objectif de rassurer et déculpabiliser les mères.

Comment est née La remplaçante ?

Sophie Adriansen L’idée m’est venue lorsque j’étais à la maternité pour la naissance de mon deuxième enfant. Alors que j’avais fait une dépression post-partum après ma première grossesse, j’ai aperçu dans le couloir de l’hôpital une maman qui ne souriait pas. Je me suis vue trois ans plus tôt, hébétée, et j’ai eu envie de lui dire « On peut s’en remettre ». C’est là que m’est apparue cette « remplaçante », sorte de « wondermum » qui sait tout faire. Avec elle, je voulais faire du bien à cette maman, mais aussi à celle que j’avais moi-même été. Très vite, j’ai compris que cette histoire devait être illustrée, puisque la « remplaçante » était une représentation mentale. J’ai pensé à Mathou, qui avait elle aussi connu une maternité pas évidente. Elle a tout de suite accepté.

Mathou et Sophie Andriansen, les auteurs de La Remplaçante.

La parole se libère depuis plusieurs mois sur le post-partum, jusque-là présenté sous le prisme du bonheur d’être mère sans prendre en compte les bouleversements internes qu’on peut ressentir. Il était temps ?

Oui, il faut continuer à libérer la parole sur ce sujet. Il y a encore beaucoup de mamans qui se disent qu’elles sont les seules à vivre un post-partum difficile. Donc plus on en parlera, plus on montrera que c’est fréquent, et plus les mères déculpabiliseront. Après la naissance de mon aîné, j’ai connu des phobies d’impulsion (syndrome psychiatrique qui entraîne une crainte obsédante de commettre un acte agressif, ndlr). Je ne savais pas du tout ce que c’était et je me suis dit que je devenais folle. Si j’avais été informée, j’aurais pu en parler à mon conjoint et comprendre que ça n’arrivait pas qu’à moi. Cela m’aurait rassurée. Il faudrait, sur le modèle des visites chez le pédiatre après la naissance, imposer un entretien sur la santé mentale de la maman quelques semaines après l’accouchement, pour l’écouter et lui offrir un espace de dialogue.

A travers Marketa, l’héroïne de votre BD, on découvre cette notion très juste de « devenir mère ». C’est ce que vous avez vécu ?

Effectivement, on vante partout l’instinct maternel et le bonheur qui apparaît dès la minute où on rencontre son enfant, mais tout cela dépend des personnes. Pour mon premier enfant, je me suis avant tout vue mère dans le regard des autres, avant de le ressentir moi-même. En fait, il n’y a pas de norme, chaque maman fait ce qu’elle veut et ce qu’elle peut. Pour mon deuxième, j’ai vécu les choses différemment. Là où la première fois, je pensais que tout avait changé de manière définitive – je ne retrouverais plus jamais mon corps d’avant ou des nuits de sommeil complètes – j’ai pris ce nouveau post-partum comme autant de phases à traverser avant de me retrouver.

Comment se relève-t-on de ces difficultés que chaque femme peut connaître pendant son post-partum ?

Il faut se donner le temps de devenir mère et savoir être tolérante avec soi-même. Aussi accepter de demander de l’aide à son compagnon, une amie, un psychologue. Se dire tout simplement que ce n’est pas grave de ne pas y arriver seule, on a le droit d’avoir besoin d’un coup de main. Enfin, le message que je veux aussi faire passer à travers Marketa c’est qu’on n’a pas à « réussir » sa maternité ou son accouchement, on le vit comme on peut et surtout sans se comparer aux autres.

*La Remplaçante, de Sophie Adriansen et Mathou, Editions First

Retrouvez-moi sur mon compte Instagram @Parlonsmaman

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