Emilie Daudin, un cancer du sein à 33 ans : « Je veux que les femmes s’écoutent davantage »

Pourquoi je vous en parle ici : J’ai connu Emilie Daudin, alias @emiliebrunette, entrepreneuse, influenceuse et maman de deux enfants, via les réseaux sociaux, comme beaucoup d’entre nous. Emilie est quelqu’un de solaire, elle est franche et très spontanée. Auteur du livre Liberté, égalité, maternité* et de plusieurs podcats sur les femmes, elle porte une vision de la femme et de la mère dans laquelle je me suis souvent retrouvée. Proche de ses enfants, responsable, mais aussi libre et engagée dans sa vie professionnelle, sans jamais juger autrui. Aujourd’hui, elle mène avec courage un combat intense et terriblement éprouvant à 33 ans. Elle se bat contre un cancer du sein triple négatif depuis octobre. A l’occasion de la journée mondiale contre le cancer, jeudi 4 février, elle a accepté de me raconter cette épreuve que lui impose la vie, et de se confier, avec simplicité, sur sa façon de gérer dans ce contexte sa famille et sa vie professionnelle, mais aussi son souhait de sensibiliser le plus grand nombre de femme à cette maladie.

Le 1er novembre dernier, vous annonciez dans un post Instagram très fort souffrir d’un cancer du sein triple négatif, « assez agressif » selon vos mots et qui « ne se soigne pas forcément bien ». Comment l’avez-vous découvert ?

Emilie DAUDIN – J’ai eu mon deuxième enfant fin septembre 2019 et cette fois-ci, contrairement à ce qu’il s’était passé pour mon fils, j’ai eu une très forte montée de lait car je n’ai pas eu de cachet pour la stopper après l’accouchement. Je ne sais pas si c’est vraiment lié à mon cancer, mais je me souviens avoir eu très mal dans mon sein droit et en avoir gardé une douleur diffuse jusqu’en décembre. En janvier, alors que je faisais du sport avec une de mes amies, j’ai senti une boule dans mon sein. Mais à ce moment-là, je me suis dis que je n’étais pas censée avoir un cancer à 30 ans et j’ai éludé cette idée.

Ma sage-femme, que je vois quelque temps plus tard, me parle alors d’une déchirure musculaire et ne sent pas la boule dont je lui parle. Le temps passe, puis pendant le confinement, en avril, mon aîné me donne un fort coup de pied dans le sein, qui me fait vraiment très mal. Je retourne voir ma deuxième sage-femme, qui elle m’affirme que « quand ça fait mal, c’est bénin ». Sur ce, elle me conseille d’aller voir un ostéopathe. Je leur ai fait confiance à toutes les deux, j’ai laissé traîner, peut être aussi par crainte du diagnostic… Mais cet été la douleur est revenue encore plus forte. A la rentrée, je me suis décidée à aller faire une échographie, puis une mammographie et le verdict est tombé.

« On a l’habitude de dire que le cancer du sein se guérit bien aujourd’hui, mais non, ce n’est pas toujours le cas. »

Quand avez-vous pris la décision de le médiatiser ?

Assez rapidement. Je ne me voyais pas le cacher, notamment à cause de la transformation physique que j’allais forcément subir. Je me suis aussi dit très vite qu’il fallait que je fasse de la prévention. Montrer que l’influence sur les réseaux sociaux, souvent décriée, peut aussi avoir du bon. Avec mes 115.000 followers sur Instagram (@emiliebrunette en est aujourd’hui à près de 140.000, ndlr), j’ai compris que je pouvais jouer un rôle alors qu’une femme sur huit est touchée par cette maladie. Mon objectif c’est de faire en sorte que les femmes s’écoutent davantage et aillent consulter au moindre doute. Aujourd’hui, je suis très heureuse car 5000 personnes m’ont déjà écrit pour me dire qu’elles l’avaient fait depuis mon premier post. Il y a dix jours, deux d’entre elles m’ont même prévenue qu’elles avaient été diagnostiquées également.

Pouvez-vous nous expliquer la particularité de votre cancer, le triple négatif ?

Le TN représente aujourd’hui 15 à 20% des cancers du sein. On a l’habitude de dire que le cancer du sein se guérit bien aujourd’hui, mais non, ce n’est pas toujours le cas. Le triple négatif, qui touche des femmes souvent jeunes, peut notamment se montrer résistant à la chimiothérapie. Il présente aussi des risques de récidive dans les mois qui suivent les traitements. Il revient souvent en métastases, soit sur l’autre sein, soit sur la cicatrice, soit dans le pire des cas sur d’autres organes comme le foie ou les poumons. Et dans ce cas-là, malheureusement il n’est pas curable. Je connais une femme qui en est à sa quatrième récidive en deux ans. Le cancer revient dès qu’elle arrête sa chimio. L’avantage aujourd’hui c’est que la recherche sur ce cancer évolue très vite depuis qu’ils ont pris conscience qu’il touchait beaucoup de jeunes femmes.

Malgré la maladie et un traitement très lourd, vous semblez déborder d’énergie. Vous avez lancé un podcast sur votre combat « Triple négatif » et vous avez aussi lancé un tee-shirt « Mamma warrior » en partenariat avec la marque My travel dreams, dont les stocks ont déjà été épuisés. Vous avez d’autres projets à venir ?

Oui, j’en ai plein car je me sens en pleine forme ! J’ai toujours été sur tous les fronts, mais en ce moment je déborde encore plus d’énergie. Ça me maintient en forme de travailler sur des projets, qui plus est utiles. Et je compte bien les mener jusqu’au bout car aujourd’hui, je n’ai rien à perdre, sauf ma vie… En plus de mon podcast et de cette collaboration dont les fonds seront tous reversés à la Fondation ARC pour soutenir la recherche contre le cancer, j’ai pour projet d’écrire un livre sur la maladie, ainsi que des ouvrages pour les enfants sur le sujet, pour pouvoir leur expliquer les choses clairement et faciliter le dialogue avec les parents. Plus tard, j’aimerais aussi mettre en place un programme avec les pouvoirs publics et les professionnels de santé pour sensibiliser les jeunes filles très tôt. On devrait leur montrer dès la puberté comment se palper la poitrine.

Comment vos enfants, Gustave et Pernille, vivent-ils la situation ?

Ils n’étaient pas bien au début, ils se réveillaient la nuit et faisaient des cauchemars mais maintenant ils ne se rendent plus vraiment compte parce qu’on leur en a parlé normalement. Il n’y a rien de pire que de cacher les choses aux enfants. D’ailleurs Gustave savait depuis le début que j’avais une boule au sein, je lui avais dit quand il m’avait donné un coup. Et quand ma fille d’un an et demi me donne elle aussi des coups, je lui explique que ce n’est pas bon pour moi. J’ai tout de suite voulu leur dire, pour qu’ils comprennent la situation et aussi pour les rassurer. D’ailleurs, aujourd’hui le fait que je sois chauve n’est pas un sujet pour eux, ils s’en fichent, ça les fait même rire. C’est plus dur en revanche pour mon compagnon. C’est une claque pour lui, il n’aurait jamais imaginé que sa femme puisse avoir un cancer à cet âge. Je crois également que l’opération que je dois subir en avril après la chimiothérapie lui fait peur. Moi aussi d’ailleurs, mais je n’y pense pas encore, je suis dans le combat aujourd’hui…

*Liberté, égalité, maternité, Emilie Daudin, éditions Leduc.s Pratiques


Les chiffres du cancer du sein en France

C’est le cancer le plus fréquent chez les femmes, avec 1 femme sur 8 qui sera touchée au cours de sa vie. C’est aussi le plus mortel, avec le décès d’environ 12.000 patientes chaque année sur les 60.000 diagnostiquées. Lorsqu’il est détecté tôt, les chances de guérison avoisinent 90 %. D’où l’importance d’une sensibilisation dès le plus jeune âge.

La Fondation ARC soutient les meilleurs projets, sur tous les types de cancers du sein et s’intéresse à toutes les étapes de la prise en charge des patientes. En 5 ans, elle a consacré 19 millions d’euros qui ont permis le déploiement de 180 projets lancés exclusivement grâce à la générosité des donateurs et à l’engagement de 150 chercheurs bénévoles français et internationaux.

Retrouvez-moi sur mon compte Instagram @Parlonsmaman

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