Grossesse : comment faire le deuil du dernier enfant? Les conseils de Soazig Castelnérac

Pourquoi je vous en parle ici : Qui ne s’est jamais posé la question d’un petit dernier lève la main ! En voyant l’intitulé du sujet, vous pouvez vous douter que le sujet m’a moi-même taraudée. C’est d’ailleurs une interrogation qui est très souvent revenue ces dernières années dans nos discussions avec nos amis, preuve que nous sommes beaucoup à nous questionner. Mais que se cache-t-il derrière ce désir ? Est-ce vraiment toujours une envie d’enfant ou alors une nostalgie de la grossesse ? Est-ce une ultime pulsion de vie avant de basculer dans une période de sa vie où la maternité prend une autre tournure ? Pourquoi ce désir touche-t-il plus les femmes vers la quarantaine ? Il y a aussi les questions matérielles, les conditions pour accueillir un nouveau bébé ou la volonté ou non de reproduire un modèle familial. Bref, autant de questions que je me suis posée, parfois sans réponse, et c’est pour cela que j’ai interviewé Soazig Castelnérac, experte en bien-être amoureux et fondatrice de Save Your Love Date et du podcast Au coeur du couple. Un entretien passionnant que je vous laisse découvrir 🙂

Comment peut-on définir le désir d’enfant ?

Soazig CASTELNERAC – Le désir d’enfant est propre à chaque femme, c’est très personnel. Alors que chez certaines d’entre elles, celui-ci sera très naturel et ancré en elles depuis toujours, chez d’autres, c’est plutôt la relation amoureuse qui va faire naître l’envie d’enfant. Ce désir est toujours représenté dans la société comme s’il était très inné, mais il faut faire attention à cette représentation car ça ne l’est pas forcément pour tout le monde. Cela peut varier selon son histoire personnelle et son enfance notamment.

Pourquoi parle-t-on de «deuil» du dernier enfant ?

Le deuil, c’est accepter qu’il y ait quelque chose de notre vie dont on soit séparé, qu’on aura pas ou plus. Et comme faire un enfant, c’est quelque chose que l’on peut concevoir et à qui on donne vie, faire ce deuil, c’est accepter qu’on ne le fasse plus. Mais il ne faut pas systématiquement le rapporter à l’âge ou à la mère, l’homme y est aussi parfois confronté, notamment avec les femmes qui font de plus en plus carrière. C’est important de le préciser car il faut que les pères se sentent aussi compris et écoutés dans ce deuil.

Tu parles du rôle de l’âge dans ce deuil. Pourquoi malgré tout nous travaille-t-il plus vers la quarantaine en général ?

Evidemment vers 40 ans, les femmes ont leur cycle biologique qui intervient et se rappelle à elles, même si aujourd’hui on voit des people faire des enfants jusqu’à 44 voire 46 ans, comme Virginie Efira récemment. Cela ouvre sans conteste le champ des possibles ! Mais cette question physique se pose vraiment chez les femmes, et moins chez les hommes. Il y a aussi un aspect psychologique dans ce questionnement : vers 40 ans, on regarde ce qu’on a déjà fait, ce qu’on aimerait encore faire, parfois on se dit qu’on est au sommet. C’est l’heure du bilan et donc des décisions.

«La réponse doit absolument se trouver à deux»

Comment trouver la bonne réponse quand on hésite à se lancer dans une nouvelle grossesse ?

La réponse doit absolument se trouver à deux car c’est une question qui vient toucher la relation de couple. Parfois, on se dit que son partenaire n’en a pas envie donc on n’essaye même pas d’en parler avec lui et on garde nos sentiments pour soi par peur du conflit. C’est très mauvais en général, et encore plus sur ce sujet car on pourrait en nourrir de la rancune. Il est important d’exprimer son désir et de donner la parole à chacun pour comprendre les motivations profondes de l’autre.

On peut par exemple être réticent à cause de la peur de ne pas aimer autant le prochain enfant. Une raison souvent évoquée pour le deuxième enfant. Ou alors à cause d’un traumatisme lié au dernier enfant, avec un accouchement compliqué ou des nuits sans sommeil et la crainte que cela se reproduise. Peut aussi se poser la question de l’équilibre familial trouvé et qu’on ne veut pas bouleverser. Ou encore des raisons physiques pour la femme qui n’a pas forcément envie d’une nouvelle grossesse. C’est donc vraiment important d’en parler ensemble pour se libérer l’un l’autre de ses craintes éventuelles.

«Il est essentiel d’avoir essayé d’en parler avant de faire le deuil de ce nouvel enfant»

Comment faire pour réussir à s’écouter et à en parler sereinement ?

Pour vraiment être à l’écoute l’un de l’autre, il faut arriver en paix sur cette conversation, sans attente, et ne pas juger. Cela vous permettra d’avancer ensemble et de lever les doutes et éventuelles barrières. Surtout, je trouve qu’il est essentiel d’avoir essayé d’en parler avant de faire le deuil de ce nouvel enfant. La forme sera aussi ultra importante : il faut préparer l’autre à ce sujet et se dire que tel moment y sera consacré. On peut même mettre à l’écrit ses pensées pour ne pas être pris au dépourvu et avoir une conversation plus fluide.

Enfin, comment faire la différence entre désir de grossesse et désir d’enfant ?

En posant des mots, on peut comprendre d’où vient notre désir : modèle familial, social, besoin d’aimer encore ou façon de se sentir féconde par exemple. Sur ce dernier point, on peut d’ailleurs s’interroger : comment puis-je me sentir féconde personnellement et aussi dans mon couple si on décide de ne pas avoir de petit dernier. Pour la femme pour qui la maternité est un feu en soi, il faut trouver quelque chose qui nous rend de nouveau féconde : aller dans des associations pour aider des mères, écrire un livre… Trouver un projet qui nous challenge en quelque sorte ! Et si cela reste difficile, il ne faut pas hésiter aussi à aller en parler avec un professionnel. Cela ne doit pas rester conflictuel au sein du couple.

Retrouvez les conseils de Soazig Castelnérac sur son site Save Your Love Date.

Retrouvez-moi sur mon compte Instagram @Parlonsmaman et Facebook

Laisser un commentaire