Pourquoi je vous en parle ici : Après avoir découvert la journaliste Yasmine Oughlis à travers ses chroniques dans la Maison des maternelles sur France 2, toujours très pertinentes et destinées aux plus grands enfants et adolescents, j’avais envie d’en savoir plus sur son quotidien de mère de famille recomposée et nombreuse. Une tribu avec six enfants – 5 garçons et une fille au total qui ont entre 6 et 20 ans – c’est une organisation complexe à gérer ! Comment devient-on belle-mère ? Comment gère-t-on une vie à 8 ? Est-ce qu’on arrive à répartir la charge mentale dans le couple ? Yasmine me raconte avec sincérité et humour cette vie trépidante, mais qui n’a pas toujours été facile à gérer avant de réussir à trouver son équilibre.
Avec deux enfants et 4 beaux-enfants, tu es à la tête d’une grande famille recomposée. Est-ce que tu t’étais toujours projetée avec une famille nombreuse ?
Yasmine OUGHLIS – Pas du tout ! La vérité c’est que je me projetais dans une vie de couple, mais pas de famille. J’étais plutôt en quête d’avoir un mari génial et une vie de couple harmonieuse. Quand je me suis mise avec celui qui allait devenir mon mari, il avait déjà 4 enfants. C’était vraiment l’histoire improbable. Et puis ça a fonctionné et une fois que j’étais hyper amoureuse, j’ai agi et je ne me suis pas affolée par rapport à ses enfants et à sa vie de famille. C’était l’amour qui primait sur tout, alors que sur le papier je cochais toutes les cases de la situation compliqué avec une séparation récente.
Quand tu as eu tes deux enfants au bout de quelques années, comment vous êtes vous organisés avec ton mari pour gérer cette grande tribu ?
A vrai dire, on s’est organisé comme on pouvait car à l’époque mon rythme était plus flexible qu’aujourd’hui. J’avais un à deux jours de tournage par mois et le reste du temps, je travaillais de chez moi. On avait aussi les enfants de mon mari seulement un tiers du temps (un week-end sur deux, ndlr). Tout cela m’a permis de mener cette barque à bon port mais je me suis oubliée en chemin, jusqu’à vivre un burn-out parental quand mon deuxième avait 5 mois et demi.
«Quand je prenais du temps pour moi, je culpabilisais»
Comment tu t’en es rendue compte ?
C’était au moment du premier confinement lié au Covid. J’avais tout géré pendant des semaines et juste après j’ai intégré la Maison des Maternelles. En étant confronté à d’autres parents et en travaillant plus, j’ai pris conscience que tout reposait sur moi à la maison. J’ai eu du mal à retomber sur mes pattes. En fait, je n’avais pas compris qu’il fallait que je m’occupe aussi de moi dans tout ça. D’ailleurs, quand je prenais du temps pour moi, je culpabilisais. Comme on n’avait mes beaux-enfants qu’un week-end sur deux, ça me semblait absolument nécessaire d’être là pour créer une vie de famille tous ensemble. Et même si au fond, ça me plaisait de me définir comme celle qui faisait tout, être mère, belle-mère et épouse, ne veut pas forcément dire tout gérer.
Qu’as-tu changé après ton burn-out pour réussir à sortir la tête de l’eau ?
Comme je travaillais tous les jours, j’ai pris une baby-sitter pour m’aider au quotidien et aujourd’hui je ne peux plus faire autrement. Mais je continue à aller de temps en temps à l’école pour rester au contact des profs et des parents. Sur les repas et les courses, on s’organise maintenant avec mon mari pour se les répartir, même si parfois je dois lui rappeler. Par exemple, je ne me mets pas forcément à préparer le repas pour que lui pense à le faire. Je me force aussi à ne pas répondre à tout, tout le temps ! Les gens s’imaginent que gérer une famille nombreuse c’est juste faire un gros plein de courses, mais c’est bien plus que ça ! Il y a les courses, les activités de chacun, les devoirs, les lessives, les vêtements à changer, les vacances à 8, le coût, les trajets, etc. C’est une énorme organisation en vérité !
«Quand tu es belle-mère, l’équilibre tient toujours à un fil»
Est-ce que la charge mentale est mieux répartie aujourd’hui ?
Je pense que je n’ai pas eu un bon modèle, ce n’était pas du tout réparti chez mes parents et donc ce n’est pas facile de réinventer un schéma. Heureusement, je trouve que même si la charge mentale reste encore une affaire de femmes, on en parle de plus en plus et ça permet de ne pas rester figé dans une image d’Épinal. On est deux à faire des enfants, donc on doit aussi partager le reste et même dans les familles où la femme ne travaille pas. Ce n’est pas pour autant qu’elle doit tout faire, parce que s’occuper de ses enfants, c’est un boulot à temps plein. Il faut aussi que le conjoint prenne sa part sur les sujets liés à l’enfant. Pourquoi est-ce qu’il n’y a que moi qui sait leurs tailles de chaussures et qu’il faut racheter des culottes ? Je ne veux pas diaboliser les hommes qui font, mais ça reste encore trop déséquilibré.
Quels conseils peux-tu donner à toutes celles qui sont à la tête d’une famille recomposée comme toi ?
Je trouve que quand tu es belle-mère, l’équilibre tient toujours à un fil. Moi ce qui me tranquillise, c’est d’anticiper et de prévoir les choses en avance. Ça me permet de mieux les vivre. Il faut aussi s’écouter pour voir ce dont on a besoin nous, en tant que belle-mère. Je m’explique : pendant longtemps, je voulais tellement construire cette famille qu’on a toujours tout fait ensemble. Mais maintenant, je me dis qu’on peut faire différemment et je pars du principe que mon mari doit faire des choses avec ses enfants, même si je ne suis pas là. Et en parallèle, prendre du temps pour moi me réussit aussi et par ricochet, à eux aussi.
Retrouvez-moi sur mon compte Instagram @Parlonsmaman et Facebook