Pourquoi je vous en parle ici : Comment accompagner son enfant à accueillir un autre bébé dans la famille ? La jalousie est-elle inéluctable dans une fratrie ? Comment leur apprendre à grandir ensemble, dans la bienveillance et le respect ? Les relations entre frères et sœurs sont souvent sources de nombreuses questions lorsqu’on devient parents : voir évoluer ses enfants ensemble, les voir s’aimer, rire, jouer est un pur bonheur mais il faut aussi savoir gérer les disputes et les conflits ! Pas facile d’adopter la bonne attitude, les bons gestes, sachant qu’ils pourront aussi déterminer leur relation sur le long terme. Angélique Lefort, consultante parentale et formatrice pour les professionnels de la petite enfance, me donne des clés et conseils pour appréhender au mieux ces situations. Bonne lecture J
Comment préparer son enfant à devenir grand frère ou grande sœur ?
Angélique Lefort – Tout va dépendre de son âge évidemment – ce ne sera pas la même chose à 18 mois ou à 4 ans – mais ce qu’il faut avoir en tête c’est que c’est difficile pour un enfant de comprendre en quoi va consister avoir un petit frère. Il vit dans une temporalité différente de celle des adultes : jusqu’à 3-4 ans, il est dans le « ici et maintenant ». Cela ne sert donc à rien de lui dire qu’il va pouvoir jouer au lego ou à la poupée quand il ou elle sera né(e) parce que ça n’arrivera pas tout de suite ! Il vaut mieux lui parler de la grossesse qui est en cours, lui expliquer les étapes et lui donner des marqueurs temporels. Lui dire par exemple que le bébé naîtra quand ce sera l’été ou quand on aura fêté son anniversaire. Il faut aussi être à l’écoute de l’enfant, de ses interrogations et de ses peurs plutôt que de vouloir lui « vendre » à tout prix le bébé qui arrive.
Une fois que ce dernier est né, que peuvent faire les parents pour que l’aîné vive bien les débuts de cette nouvelle vie de famille ?
L’aîné doit apprendre à connaître ce nouvel être, à l’aimer et à interagir avec lui. Je conseille de le laisser aller à son rythme, spontanément plutôt que de le pousser vers cette relation et de l’encourager à l’aimer. Je pense par exemple aux remarques du type « Tu dois être drôlement fier d’avoir une aussi belle petite sœur ». Avec ce type de discours, l’enfant peut avoir du mal ensuite à dire ce qu’il ressent, par exemple qu’il trouve cette arrivée difficile à vivre car le bébé prend beaucoup de place. Ensuite, les parents doivent sortir de cet objectif de devoir accorder autant de temps aux deux enfants. Plutôt que de chercher l’égalité à tout prix, cherchez l’équité et dites-le à votre aîné : « oui je dois accorder du temps à ton frère parce qu’il est dépendant de moi et qu’il a en ce moment beaucoup de besoins, mais dès que tu auras aussi besoin de moi, je serai là. Je vais aussi m’occuper de toi ».
« Il ne faut pas avoir comme objectif de vouloir rapprocher ses enfants à tout prix »
La jalousie entre frères et sœurs est-elle un sentiment inéluctable ?
C’est un sentiment humain qu’on ressentira tous au moins une fois dans notre vie. Si ce n’est pas avec son frère ou sa sœur, cela peut être plus tard, à l’école, au travail, etc. La jalousie est liée à la comparaison, donc en tant que parents on peut faire en sorte de ne pas le favoriser, en restant dans l’équité. On ne compare pas non plus ses enfants, avec des phrases du type : « tu as vu ta sœur est allée sans râler dans le bain » ou « il a mieux mangé que toi ». Mais au fond, si les besoins de chaque enfant (câlins, temps de jeux, attention, etc) sont satisfaits, il y a peu de raisons qu’ils soient jaloux.
Que faire face à un enfant qui exprime sa jalousie ?

On prend un moment en tête à tête avec lui, et non avec toute la famille pour éviter tout forme de jugement. On ne le sermonne surtout pas, il faut être dans l’accueil de ses émotions. On peut commencer en lui disant : « J’ai l’impression que c’est compliqué pour toi en ce moment… Hier je t’ai vu avec ta sœur lui prendre son jouet, qu’est-ce qui s’est passé à ce moment-là ? » On essaye de lui faire vider son sac, et il va peut-être dire lui-même ce dont il a besoin. S’il exprime le sentiment d’être moins aimé, on le rassure en évoquant notre amour pour lui – surtout sans comparer – et en donnant les raisons de cet amour : « je t’aime pour les moments de jeux passés ensemble, pour ton sourire tous les matins au réveil, pour tes bisous dans le cou… ».
Comment harmoniser les relations dans la fratrie ?
Il ne faut pas avoir comme objectif de vouloir rapprocher ses enfants à tout prix. Il y a forcément des moments où ils vont avoir besoin d’être en retrait, de prendre un moment seul ou au contraire où ils seront très fusionnels. En fait comme pour nous adultes, ce n’est pas toujours facile de vivre dans un groupe 24 heures sur 24.
Quand des disputes surviennent, pour les plus petits en dessous de 3-4 ans, il est souvent nécessaire qu’un adulte intervienne pour dire stop et les aider à trouver une solution ensemble. A ce moment-là, il ne faut surtout pas prendre parti, mais plutôt écouter les émotions de chacun puis les associer pour qu’ils trouvent une solution ensemble. On est souvent bluffé de voir que ça fonctionne très bien. A partir de 4 ans, on peut les pousser à le faire de manière plus autonome en les laissant pendant 5 minutes pour régler le conflit. On leur apprend ainsi à écouter et respecter l’autre tout en étant dans le compromis. Cela leur servira toute leur vie ensuite.
Pour aller plus loin, Angélique m’a conseillé quelques ouvrages :
- Frères et sœurs sans rivalité, de Adèle Faber et Elaine Mazlish
Pour les enfants :
Mon amour, d’Astrid Desbordes et Pauline Martin
Tu es comme tu es, d’Olivier Clerc et Gaia Bordicchia
C’est à moi, ça ! de Michel Van Zeveren
Un amour de petite sœur, d’Astrid Desbordes et Pauline Martin
Retrouvez-moi sur mon compte Instagram @Parlonsmaman et Facebook