Pourquoi je vous en parle ici : Chaque grossesse est unique. On peut mettre un temps fou à tomber enceinte de son premier enfant, puis voir le deuxième se loger au creux de notre ventre sans prévenir. Accoucher par voie basse pour son premier, puis par césarienne pour les suivants. Etre malade ou être en pleine forme. C’est ce qui fait que ce sont des moments inestimables dont on se souviendra toute notre vie et qui nous forgent en tant que femme et mère. Amicie Lesieur, la fondatrice du très chouette podcast Milk and Mamma, en a fait l’expérience, entre sa première grossesse gémellaire après une PMA et sa deuxième grossesse, arrivée naturellement et rapidement. Elle me raconte avec beaucoup de sincérité et sans fard ses deux grossesses, qui lui ont fait découvrir le monde de la maternité et lui ont ouvert de nouveaux horizons.
Chaque grossesse réserve son lot de surprises. Amicie en sait quelque chose. Elle a trois petites filles. Les deux premières, Alma et Victoire, sont nées prématurément en avril 2018. Sa dernière, Bianca, est arrivée à terme en mai 2021. Deux grossesses complètement différentes, qui l’ont fait cheminer sur le chemin de sa maternité, de sa vie de mère et de femme.
Lorsqu’elle tombe enceinte de ses jumelles en septembre 2017, c’est après un parcours PMA de 18 mois. Le début de la grossesse se passe sans encombre. Elle est heureuse à l’idée d’avoir deux enfants d’un coup et de vivre une grossesse différente des autres, très entourée et très suivie. Mais au bout de 5-6 mois, elle commence à ressentir le poids de cette grossesse gémellaire : elle n’arrive plus à bouger, ni à monter les escaliers, sent la tête ou les fesses de ses filles jusque dans les côtes… « J’étais vraiment au bout de ma vie, c’était un cauchemar, je ne pouvais plus rien faire », me raconte-t-elle aujourd’hui.
A 7 mois et demi de grossesse, alors qu’elle se dit qu’elle ne tiendra jamais jusqu’à la fin, elle doit être hospitalisée en urgence à la maternité de Sainte-Félicité, à Paris, à cause d’une pré-éclampsie. « Je ne réalisais pas bien ce qui m’arrivait, les médecins m’avaient placé sous monitoring, mais ne me disaient pas ce qui allait se passer. Quand j’ai compris que j’allais devoir accoucher, j’ai commencé à paniquer. Une de mes deux filles faisaient seulement 1 kg donc pour moi si j’accouchais maintenant, elle allait mourir », se souvient la jeune maman. Le plus dur commence pour Amicie et son mari, arrivé en urgence pour la césarienne. La gynécologue sort rapidement les deux petites filles, Victoire et Alma, à deux minutes d’intervalles. Alors que la première est placée en couveuse à cause de difficultés respiratoires, la seconde, trop petite, doit partir en urgence à Port-Royal, une maternité de type 3 équipée pour accueillir les grands prématurés. « J’ai seulement pu lui toucher un doigt dans la couveuse du Samu avant qu’elle ne parte avec mon mari, c’était extrêmement angoissant, elle avait des fils partout… », explique Amicie, qui reste à Sainte-Félicité avec Victoire.
« On les a mises ensemble dans la couveuse et Alma s’est tout de suite collée à Victoire »
La séparation avec Alma est extrêmement difficile. Au bout de 4 jours, alors qu’elle ne l’a pas vue depuis la naissance, Amicie décide de se rendre à Port-Royal. Bloquée par une manifestation, elle n’y parviendra jamais. Elle y retourne deux jours plus tard. « Ça m’angoissait d’aller la voir, mais je me disais qu’il fallait, que c’était mon rôle d’être auprès d’elle… Une fois sur place, je n’osais pas la toucher, elle était toute maigre, je n’étais pas du tout à l’aise… Finalement, ça m’a plus inquiétée qu’autre chose de la voir comme ça. Moralité, il faut toujours s’écouter et suivre son instinct ! », affirme-t-elle aujourd’hui avec force.
Au bout de huit jours, Amicie et son mari parviennent à faire transférer Alma à Sainte-Félicité. « C’était un moment extrêmement émouvant, on les a mises ensemble dans la couveuse et Alma s’est tout de suite collée à Victoire, elle retrouvait son élément », sourit Amicie, qui passera près d’un mois à l’hôpital avec ses filles jusqu’à ce qu’elles fassent 2 kg chacune. « A la fin c’était très confortable, je pouvais sortir de l’hôpital pour aller au restaurant ou faire des courses, mais tous les soirs je dormais avec elle dans un environnement où elles étaient médicalement suivies ».

Commence ensuite leur nouvelle vie à 4 chez eux et un post-partum extrêmement fatigant pour la jeune maman. Alors qu’Alma et Victoire se réveillent chacune leur tour toutes les 3h, Amicie prend rapidement une nounou de nuit pour la soulager. Elle se fait aussi aider dans la journée par les techniciens de l’intervention social et familial (TISF), un service d’accompagnement national, qui permet de bénéficier de la visite de professionnels de la petite enfance. « Dans l’ensemble la première année a été très sport, le moindre déplacement était compliqué, donc on a très vite pris l’habitude de les confier aux grands-parents ou à des baby-sitters pour souffler », explique Amicie, qui s’est aussi tournée vers une association spécialisée dans les jumeaux pour rencontrer d’autres parents dans son cas.
« Malgré tout ce qu’on avait mis en place pour nous soulager, j’étais toujours très fatiguée, je me disais que ce n’était pas normal car j’étais privilégiée…Mais au fond, je ne m’étais pas remise de mon accouchement et Alma pleurait beaucoup, elle faisait des coliques, c’était dur. » Au bout d’un moment, Amicie décidé de prendre les choses en main et recontacte la sage-femme avec qui elle avait fait de l’haptonomie pendant sa grossesse, prête à tout essayer pour sortir de cette fatigue constante. « Elle nous a proposé de faire un « revécu de la naissance » de nos filles, en leur présence, en simulant une sortie par voie basse. On était surpris avec mon mari, mais nous n’avions rien à perdre à essayer », souligne la trentenaire. « Ça a été extrêmement libérateur, on a tous les deux raconté à tour de rôle ce qu’on avait vécu et après ça on s’est sentis apaisés et Alma a beaucoup moins pleuré, comme si elle aussi avait été libérée d’un poids ».
« Je rêvais d’avoir un seul bébé et ma petite poussette Yoyo »

Plus sereine, la famille a poursuivi son chemin et Amicie et son mari ont rapidement eu envie d’agrandir leur tribu. « On s’y est remis quand les filles avaient deux ans. Moi je rêvais d’avoir un seul bébé, ma petite poussette Yoyo et de faire comme mes copines qui allaient déjeuner en terrasse avec leur bébé ! », s’amuse-t-elle. Et contre toute attente, deux semaines plus tard, elle était enceinte ! « J’ai adoré le découvrir sur le test, vivre cette excitation de l’attente puis de la découverte ! », s’émeut encore aujourd’hui Amicie, qui garde la même gynécologue mais choisit la maternité de Sainte-Thérèse plus proche de chez elle.
La grossesse se déroule cette fois sans encombre et Amicie va à terme. Elle rêve d’un accouchement par voie basse, de sentir les contractions et de tenir le plus longtemps possible sans péridurale. Suivant les conseils de sa prof de yoga prénatal, quand elle commence à sentir les premiers signes, elle décide de retarder au maximum son départ pour l’hôpital et part marcher avec son mari pour favoriser le travail. Après une journée de contractions, et arrivée au bout de la douleur qu’elle pouvait supporter, Amicie arrive à 19 heures à la maternité, le 22 mai 2021. A 22 heures, sa troisième fille, Bianca, était dans ses bras. « Cet accouchement a été magique, nous étions très émus avec le papa d’avoir vécu ce moment et d’accueillir notre petite fille en bonne santé », se souvient Amicie avec beaucoup d’émotion. Avant de se lancer un défi : « Si un jour nous avons un 4e enfant, ce qui n’est vraiment pas sûr, je tenterai un accouchement naturel ! »
En attendant, la famille a découvert ce nouveau quotidien à 5, avec un retour à la maison beaucoup plus facile. « Un seul bébé c’est beaucoup plus simple et puis Bianca a fait ses nuits à un mois et demi, ça change tout », souligne la maman, qui relance doucement son très chouette podcast, Milk and Mamma, lancé après la naissance de ses jumelles. Elle y raconte des histoires de vie et donne la parole à des femmes aux parcours exceptionnels et inspirants. Mais déjà la famille s’oriente vers un nouveau projet palpitant pour l’été prochain : une année en bateau, des Canaries au Cap Vert puis direction les Antilles et les Bahamas. Une magnifique expérience de vie en famille dont Amicie nous parlera dans un prochain chapitre 😉
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Un avis sur « Amicie, fondatrice de Milk and mamma : une grossesse gémellaire sous haute surveillance »