Pourquoi je vous en parle ici : Les femmes dont je vais vous parler aujourd’hui ont toutes deux eu des expériences de la maternité complexes et difficiles. Qui les ont amenées à partager un constat commun : ces parcours-là sont peu accompagnés et peu pris en charge dans notre société, parce que le système de santé et de suivi ne les inclut pas ou trop peu. Prisca Thévenot, qui est députée de la majorité, m’a dit quelque chose de très juste : « Nos parcours de femmes ne sont pas anecdotiques. Arrêtons de croire que nous, femmes, sommes anecdotiques ». Depuis leur rencontre il y a quelques mois, elles se sont donné un objectif précis : améliorer le parcours des soins des femmes en France. Je vous raconte leurs parcours croisés.
Elles se sont rencontrées avant l’été. Et ont depuis accordé leurs pas pour œuvrer en faveur d’un parcours de santé balisé pour les femmes, dès l’adolescence. Elles, ce sont Prisca Thevenot, députée Renaissance des Hauts-de-Seine et porte-parole du parti de la majorité depuis 2020, et Déborah Schouhmann-Antonio, thérapeute et spécialiste de l’infertilité et de la maternité.
Au départ de leur combat commun, se trouvent deux histoires personnelles complexes autour de la maternité. Pour la première, cela commence par l’annonce brutale par un gynécologue qu’elle aura le plus grand mal à avoir un enfant. Un diagnostic brandi comme une certitude alors que Prisca Thévenot n’a que 12 ans. « Je suis ressortie du cabinet sans comprendre ce qu’il m’arrivait. Dès lors, la relation avec mon corps n’existait plus et je me suis construite avec cette idée que je ne pourrai jamais enfanter », raconte la députée.
Finalement, des années plus tard, alors qu’elle est mariée, la jeune femme tombe enceinte. Mais là encore, on lui dit de ne pas trop espérer, parce que le bébé de devrait pas tenir. Pendant deux mois, elle vit comme si de rien n’était, fait la fête, sort. « Je ne me considérais pas enceinte », se rappelle-t-elle. « Jusqu’à ce que ma gynécologue me dise à 2 mois et demi que mon bébé était toujours là. Je l’ai vécu comme une vraie chance et j’ai eu une grossesse magnifique ». S’ensuit en revanche un post-partum extrêmement difficile après une délivrance compliquée. Surtout, elle ne s’autorise pas à dire qu’elle va mal parce qu’elle considère avoir une chance inouïe d’avoir eu son petit garçon. Elle retrouvera finalement pied après une dépression avec sa seconde grossesse, deux ans et demi plus tard.
5 ans de parcours PMA
De son côté, Déborah Schouhmann-Antonio a vécu 5 longues années de parcours PMA. Alors qu’on lui dit qu’elle a une « chance infinitésimale d’avoir un enfant » et qu’elle sent son couple en danger, elle décide de tout stopper. En même temps que le deuil de son enfant, elle décide de se réorienter professionnellement vers la psychologie, ayant elle-même manqué d’accompagnement et d’aide pendant ces longs mois. Elle tombe finalement enceinte quelques mois plus tard, accouche dans des conditions dramatiques à 7 mois et demi de grossesse, jusqu’à frôler la mort. « Ma vie a changé à ce moment-là car j’ai vu la mort de près. J’étais dans une forme d’urgence et il devenait évident que je devais me former à la psychologie autour de la maternité et de la PMA », souligne Déborah, qui connaîtra deux autres grossesse, dont la première se terminera en fausse couche. Ses expériences extrêmement douloureuses de la maternité la pousse à se lancer définitivement dans le coaching. C’est pendant sa dernière grossesse qu’elle ouvre son cabinet de thérapeute, après avoir notamment obtenu des diplômes en psychisme et périnatalité à l’hôpital Antoine-Béclère, à Clamart.
« Il faut un parcours de soins précis dès l’adolescence »
C’est autour de cette volonté commune d’aider les femmes que Prisca Thévenot et Deborah Schouhmann-Antonio se sont trouvées. « Lors de notre première rencontre, on a parlé puberté, ménopause, règles, PMA, etc… Et très vite, on s’est dit ‘’qu’est-ce qu’on fait avec tout ça ?’’ », explique la députée de la majorité, qui déplore que les femmes n’entrent dans le système de santé qu’au moment de la maternité. « En-dehors de cette période, il n’y a pas de suivi spécifique, ni de prévention et d’accompagnement pour la femme. Mais en réalité on se construit dès le plus jeune âge donc il faut un parcours de soins précis dès l’adolescence, avec un gros volet lié à la maternité mais pas seulement. Les femmes qui ne veulent pas d’enfant doivent aussi bénéficier de ce suivi. »
Depuis leur rencontre au début de l’été dernier, les deux femmes ont multiplié les auditions de professionnels de santé, associations et patients afin de remonter les différentes attentes et lister les professions qui pourraient être actrices de ce parcours de santé. « Aujourd’hui, le monde de la santé et pensé par les hommes pour les hommes. Nous nous voulons faire pour les femmes et avec les hommes », explique l’élue des Hauts-de-Seine.
« Une femme qui ne va pas bien, c’est une famille et un enfant qui vont mal »
A l’Assemblée nationale, Prisca Thévenot cherche aussi à faire bouger les lignes. Dans le cadre du Plan de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2023, elle a déjà fait adopter deux amendements pour « adapter les rendez-vous de prévention aux âges clés de la vie aux besoins spécifiques du corps féminin » et pour « accompagner la délivrance de la contraception d’urgence d’une information claire et concise sur les différents moyens de contraceptions et consultations à disposition pour assurer sa contraception ». « Le ministre de la Santé, François Braun, a aussi montré son intérêt sur le sujet. Lors d’une visite à la maternité de Saint-Cloud dans les Hauts-de-Seine, il a affirmé qu’il fallait ‘’parler de la santé de la femme’’ », rappelle l’élue.
Prisca Thévenot affiche un objectif précis : la mise en place en 2023 d’une stratégie nationale de la santé de la femme. « On est tous concerné car une femme qui ne va pas bien, c’est une famille et un enfant qui vont mal. Or la famille c’est le sens de la nation et le premier noyau », insiste-t-elle, avant de conclure : « Faisons-en sorte que ce sujet nous survive ! ».
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