Crise dans le couple : les conseils de Noémie Khenkine-Sonigo pour gérer une séparation

Pourquoi je vous en parle ici : Fondatrice de l’application Team’Parents qui soutient les couples séparés grâce à de nombreuses ressources, une communauté bienveillante et un annuaire d’experts spécialisés (avocats, médiateurs, psychologues…), Noémie Khenkine-Sonigo vient de publier un guide pratique à leur attention : Parents séparés, famille réinventée aux éditions Vuibert. Alors que 4 millions de parents sont concernés par cette situation en France, son livre les accompagne à chaque étape de la séparation : prise de décision, modalités de la procédure, réorganisation familiale et reconstruction. Interview de cette ancienne avocate en droit de la famille et protection de l’enfance qui a décidé d’aider les couples qui se quittent à retrouver une vie de famille apaisée.

Quand ça ne va plus dans son couple et qu’il faut prendre une décision, quels sont les signaux à surveiller ?

Noémie KHENKINE-SONIGO – Il faut tout d’abord se demander comment on va soi-même. Car parfois c’est nous qui allons mal et dans ces cas-là, se faire accompagner permet de faire le tri : est-ce que c’est moi qui ne vais pas bien ? Est-ce que ça ne va pas au boulot ? Ou alors dans mon couple ? Ou encore tant que mère ? Ensuite, on doit faire le point le plus objectivement possible sur son couple, à l’aide de la théorie de la satisfaction conjugale pour identifier les zones de satisfaction et celles de frustration. On prend le temps de noter les forces et les faiblesses du couple, de se demander si c’est passager ou durable, etc.

Faut-il prendre en compte ses enfants dans sa décision ?

Après avoir analysé son couple, on s’interroge sur comment vont nos enfants. La décision de rester ou partir pour ses enfants dépend de la situation. Il faut arriver à voir à quel point notre inconfort dans le couple a un impact sur eux et s’il est suffisamment important pour se séparer. J’invite aussi à se demander si c’est le bon moment sur le plan matériel, financier, etc. A-t-on la force de se lancer maintenant dans une séparation ? Chacun doit prendre ses décisions de manière éclairée. Il faut d’ailleurs faire attention à qui on se confie et se méfier des conseils. Je recommande d’en parler à des gens bienveillants et qui vont réagir par rapport à vous et non par rapport à leur propre histoire.

Lorsqu’on a pris la décision de se séparer, comment préparer au mieux l’annonce à ses enfants ?

Dans l’idéal, on l’annonce ensemble, dans un lieu apaisant et calme, pour que les enfants puissent réfléchir à cette nouvelle et poser leurs questions. On peut d’ailleurs aller voir en amont un psychologue pour enfants pour se préparer. Il faut aussi leur donner de la visibilité sur la suite si on peut. On évite de laisser l’enfant dans un entre-deux, avec une situation qui va durer plusieurs mois. Si on peut être clair dès le début sur la suite, c’est mieux. En revanche, on n’est pas obligé de dire précisément pourquoi on se sépare. Enfin, on peut leur rappeler qu’ils ont le droit de nous parler, de poser leurs questions, d’être triste ou encore de dire leurs émotions, à nous ou à un tiers de confiance, comme un proche ou un psychologue.

Quels sont les risques d’une séparation à anticiper ?

En tant que femme, il y a le risque financier à prendre en compte en consultant un avocat, un fiscaliste ou un comptable pour évaluer nos charges à venir, le budget futur, les aides sociales, le patrimoine… Il faut évaluer les ressources et les fragilités qu’on aura à gérer avec la séparation.

Il faut aussi mesurer le risque psychologique pour les enfants même si ce n’est pas cela qui doit peser le plus fort. Evidemment ils seront tristes mais en général, dans les deux ans, les enfants vont bien si on se sépare de la bonne façon.

Enfin, il existe un risque plus personnel avec la charge mentale qui s’annonce avec la gestion du quotidien, les liens avec son entourage qu’il faut parfois réévaluer pour bien connaître ses ressources.

Comment bien s’entourer justement dans ce moment de crise ?

Ce que je recommande en priorité c’est de trouver un bon avocat et un bon psy. Il faut consulter le premier le plus tôt possible pour évaluer ses droits et devoirs. Il faut aussi essayer d’être créatif dans le village qu’on se construit et s’entourer de gens bienveillants qui sont là pour nous aider. On peut par exemple créer de la solidarité avec des parents d’élèves ou des groupes de paroles.

Comment réussir à communiquer avec la personne dont on se sépare ?

Je conseille de communiquer avec elle comme avec un collègue qu’on n’aime pas trop, comme ça on essaie d’être cordial et de se parler correctement pour avancer sur notre projet commun. On peut aussi aller chercher de l’aide d’un professionnel si on en ressent le besoin, coach ou psychologue. Il existe également le dispositif  «Mon soutien psy» avec une dizaine de séances par an, remboursées pour toute la famille.

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